Récits - Amérique du sud 1
Mea culpa, suivant les pays les accents sont plus ou moins présents sur les claviers, ce qui explique leur absence dans certains de nos textes. Désolé pour cette difficulté de lecture.
Colombie : Quand on monte, tout ce que l’on descend
on le monte deux
fois…
Texte mis en ligne le 26 juin 2011 depuis Quito
(Equateur)
La Colombie a mauvaise presse et pourtant… Son histoire fait peur, son présent va mieux, espérons que son futur sera des meilleurs. La
situation évolue et, semble-t-il, plutôt dans le bon sens. Nous ne sommes plus des gringos et ça fait du bien ! L’accueil que nous y avons reçu a été des plus fabuleux. Un petit coin de paradis,
mais chut il ne faut pas trop le dire…
Il ne faut pas non plus oublier son histoire et fermer les yeux sur une réalité de son présent. Son histoire est ponctuée d’épisode de violence. Après la
violencia, période de guerre civile qui a opposé les libéraux et les conservateurs de 1948 à 1958 pour le plus grand malheur des petites gens, les guérillas font leur apparition.
Elles revendiquent droit à la terre et justice sociale. Face à cette montée du monstre rouge, les États-Unis suggère au gouvernement colombien de développer des milices prives d’autoprotection,
ancêtres des paramilitaires. En parallèle à ce nouveau conflit s’est développé le négoce lié à la coca, largement encouragé par les États-Unis qui dans les années 70 cherchaient un moyen
d’apaiser leurs campus un peu trop agités. La population s‘est trouvée prise entre les guérillas qui disaient défendre leurs droits, les paramilitaires qui étaient au service des grands
propriétaires terriens et les cartels de drogues qui faisaient leur loi dans les grandes villes. Aujourd’hui tout ce beau monde se consacre presque exclusivement au commerce de la coca. Les
paramilitaires sont censés avoir déposé les armes, les FARC sont de plus en plus affaiblis et les grands cartels de Cali et Medellin n’existent plus. Mais…, mais la guérilla cherche à faire
savoir qu’elle est toujours vivante, surtout dans le sud du pays, les grands cartels ont été remplacés par des plus petits, moins sanguinaires mais également moins attrapables et surtout l’enjeu
n’est plus la banane, mais
l’or et le palmier à huile. Et oui toutes nos micro-technologies (ordinateur, téléphone portable, MP3, Ipod…) ont besoin d’or et d’autres matériaux rares, quand au voiture à énergie verte, il
faut bien que l’huile soit produite quelque part… L’environnement en pâti de plus en plus et les populations continuent à souffrir et à se déplacer.
M’enfin, comme la plupart des touristes tout cela nous ne le voyons pas, ou presque, et nous ne pensons pas à tout ça quand nous arrivons tel des conquistadores avec
notre grand voilier dans la belle ville de Carthagène. Valeria nous y attend et c’est avec beaucoup de plaisir que nous la retrouvons pour notre premier jour en Colombie. Elle qui nous avait
faire découvrir son pays, il y a maintenant près de 8 ans lors d’un été grenoblois. Depuis, Aurélie l’a pas mal étudie ce joli pays, y est allée en 2007 pour participer au projet de la
Llave, une association d’artistes franco-colombienne, mais jamais elle ne l’aura connu comme elle l’a connu lors de cette traversée à vélo.
Carthagène, quelques jours pour visiter la ville et profiter des amis puis nous longeons la cote pour rejoindre Santa-Marta, que calor ! Nous y retrouvons
Santiago, un ami d’Aurélie. Il a laissé de coté le tournage de documentaires pour se mettre à la boulange. La ville a changé depuis 2007, elle est plus propre, des zones piétonnes ont fait leur
apparition, les enfants des rues ne courent plus les rues…. La ville a fait le ménage pour miser sur le tourisme. Le pays change, les zones de conflits se réduisent, se déplacent, les routes sont
sures et le tourisme se développe. Carrefour s’implante et Casino rachète les enseignes colombiennes.
Santa-Marta – Bogota, 1000km pour faire 2500m de dénivelé. Mais ce n’est pas vraiment une pente douce et régulière. Nous démarrons par un long faut plat au milieu des plantations de bananes
et de palmiers à huile. Nous longeons une voie ferrée. Un paysage qui rappelle le massacre des ouvriers des bananeraies de la fruit company. En 1928, les ouvriers s’étaient rassemblés sur la
place principale de Santa-Marta pour réclamer de meilleures conditions de travail et des hausses de salaires. Ils attendaient le train qui devait amener un négociateur du gouvernement. C’est
l’armée qui était dans les wagons, à la demande de la fruit company la manifestation pacifique a été réprimée par les balles. Depuis la Fruit company a changé de nom : Chiquita… la petite
étiquette bleue sur les bananes du supermarché vous dit quelque chose ? Quelques années plus tard la Mano Negra a lancé sur ces mêmes rails abandonnés pour cause de conflit un train festif qui
apportait un peu de joie dans les villages. Aujourd’hui, des tronçons ont été rénovés pour transporter le charbon depuis les mines jusqu’au port de Santa-Marta d’où il part pour la
Chine.
Nous croisons un cylo canadiens, il vient de Bogota et ne pensait pas devoir monter autant pour descendre… Nous longeons la Sierra, le soir les lucioles répondent aux éclaires qui se
déchaînent sur les massifs. Florent tombe malade juste avant la grande cote. Nous nous imposons un peu à l’arrière d’une hacienda pour une journée de repos. Une journée d’agonie et 24 heures plus
tard il est à nouveau en selle. Les incompréhensibles crises du corps qui ne veut plus avancer.
Et ça y’est, il faut bien commencer un jour. Ça monte, on prend de l’altitude, on perd des
degrés, au dessus de 1500m la chaleur devient supportable, d’autant plus que nous avons rejoint l’hiver !! Au Panama on nous annonçait le début de l’été, ici c’est déjà le retour de l’hiver. On
se perd un peu dans les saisons. A l’approche de l’Equateur, les saisons telles que nous les connaissons ne veulent plus dire grand-chose. L’année se partage entre deux saisons des pluies et deux
saisons sèches. Sauf que cette année, la saison des pluies a largement empiété sur la saison sèche, causant inondations et glissements de terrains dès le mois de décembre. Pour certain El Nino
est derrière tout ça, pour d’autre le réchauffement climatique et les déforestations à l’ouest du pays ne sont pas innocents. Entre routes emportées et tas de boues envahissant le bitume, nous
continuons de monter. Pas de voitures particulières par ici, juste des camions de marchandises et des bus aux chauffeurs tous plus fous les un que les autres. Sur la route, les
gens nous préviennent : n’arrivez pas à Bucaramanga de nuit, les quartiers nord sont de vrais coupe-gorges.
On se méfie toujours un peu de telles paroles trop alarmistes, mais quand même. De glissements de terrains en glissement de terrains, nous nous approchons de Bucaramanga sans nous en rendre
compte. Trop tard pour camper, le dernier hospedaje affiche complet, il nous envoie un peu plus loin vers des fincas que nous ne trouvons pas et nous finissons par arriver de nuit, sous la pluie,
dans la banlieue nord de Bucaramanga. Deux flics sont occupés à s’acheter des cacahuètes. On leur saute dessus et comme dans ce pays tout change, les gens en uniformes en viennent même à aider
les pauvres cyclistes en perdition. Il n’y pas d’hôtels dans le quartier, leur caserne est dans le centre et il est hors de question que l’on traverse la vallée qui nous sépare de la ville à
cette heure-là. Après réflexion et coups de téléphone, ils nous emmènent au restaurant du terminal de bus. Chance, le propriétaire est là et accepte que nous déroulions nos matelas entre les
tables. Il y a des jours où l’on se demande d’où l’on sort autant de chance !
Bucaramanga, derrière la ville ça descend, au fond du canyon
de Chicamocha. Y’a plus qu’à remonter ! Quelques dizaines de kilomètres pour arriver à l’entrée du parc national de Chicamocha. Les gens nous conseillent l’attraction du coin : un téléphérique
(français !) qui descend au fond du canyon pour remonter de l’autre coté. Ça permet de bien se rendre compte de la profondeur du-dit canyon… Vous en faite pas, en vélo, on la vit pleinement la
profondeur du canyon !
Nous ne sommes pas très loin de Tunja, la ville des champions cyclistes de Colombie et on
comprend pourquoi : ça ne fait que monter et descendre dans le coin!
Mais nous sommes contents d’arriver dans le Santander, d’après les guides
c’est la mecque du tourisme d’aventure, mais surtout c’est la région de notre ami Santiago, grand spécialiste de l’architecture de terre. On se plaît dans ses maisons de terre à San Gil et à
Barrichara. L’air de rien, il organise un petit traquenard pour nous faire rester une journée de plus dans sa ville... le temps pour les journalistes de TeleSanGil de venir faire une petite
interview des deux cyclos français un peu fatigués… Aurélie n’arrive plus à parler alors que Flo est presque bilingue !
Puis c’est la dernière ligne droite jusqu’à Bogota. C’est la semaine sainte, le jeudi nous
croisons tous les bogotanais qui se sont coincés dans les embouteillages en tentant de sortir. La ville s’est vidée de ses habitants, les rues appartiennent aux cyclistes. Nous ne pouvions
choisir meilleur jour pour arriver dans la capitale !
En attendant les parents de Florent, nous nous installons chez
Natalia et Enrico partis en week-end. Deux jours en l’absence de tous pour dépaqueter, nettoyer, réparer, ranger, rempaqueter pour que les propriétaires des lieux ne se doute pas du chaos qui a
suivit notre arrivée… Ouf, mission presque accomplie. Avec Dominique et Gérard nous retournons dans le Boyaca et le Santander, retrouver les villages que nous n’avions pas pris le temps
d’explorer, visiter ceux qui n’étaient pas sur note route et passer un peu plus de temps avec Santiago.
Au retour sur Bogota, c’est l’excitation à la maison. Eric et Juliette viennent d’arriver pour la première projection en Colombie du documentaire d’Eric : L’Homme
aux serpents. Les parents de Flo partent pour Carthagène et nous restons quelques jours sur Bogota, pour faire nos petites affaires, préparer une rando dans le Cocuy et surtout profiter des
amis. C’est un peu l’invasion des immigrés français chez Natalia et Enrico, mais nous ca nous fait du bien d’être avec tous.
El Cocuy, parc au nord ouest de Bogota dans la Sierra Nevada. Dix heures de bus pour
rejoindre le village de Guican d’où nous démarrerons la rando. Mais c’était sans compter sur l’hiver qui fait des siennes : glissements de terrains et routes coupées dévient le bus de son trajet
ordinaire. Le doute nous prend quand au milieu de la nuit le chauffeur se retourne vers les passagers pour demander si quelqu’un connait la route de Santa-Maria… m’enfin, après tours et détours
autour des cailloux et tas de boue, après consolidation de passages à gué nous arrivons bien secoués en fin de matinée à Guican. Le bureau du parc est fermé : nous ne pouvons payer l’entrée, mais
surtout nous n’avons pas vraiment de carte de la région… Après coup de téléphone à l’autre bureau nous partons : le ranger devrait nous trouver sur la piste. La pluie commence à tomber, prélude
de 5 jours de marche humide. En montant nous croisons le ranger, il promet de nous apporter une carte le lendemain matin en venant à la réunion qu’il
organise a vec tous les guides du coin. Le lendemain le soleil brille, mais le ranger a oublié la carte… On s’enfonce dans la montagne avec une mauvaise photocopie. Qu’importe, le chemin n’est pas si difficile à trouver, au fond de la vallée à droite puis à droite et encore à droite. Le ciel se couvre. A travers le rideau
de pluie, nous distinguons un cavalier, ou plutôt un homme qui tient en bribe un cheval portant femme portant enfant. Leur village est a deux jours de marche, ils leur restent encore une grosse
demi-journée pour rejoindre l’hôpital où ils emmènent leur fils malade.
El Cocuy, une randonnée entre 3500 et 4500m d’altitude. Une végétation
incroyable : le paramo, des pâturages d’altitudes peuplés de frailejon, les moines gris, une sorte de mini-palmier ou yucca poilus, des tourbières où des bosses vertes fluo sont prises dans des
eaux orangées. Une montagne abandonnée par la neige et les glaciers. Cinq jours les pieds dans l’eau, à profiter des rares rayons de soleil, à s’extasier devant des paysages de pierres et de
verdures. Nous finissons plus rapidement que prévu. Plutôt que de camper à l’entrée du parc, nous décidons de descendre
directement au village d’el Cocuy. Les deux heures annoncées se transforme en cinq heures de marches. Nous arrivons trempés au village. Juste le temps de traverser ses belles rues blanches pour
rejoindre la place principale d’où part le bus 10 minutes plus tard. Sans trop se poser de question nous achetons les billets à l’épicerie. Le bus arrive et avec un frisson dans le dos nous
voyons le même chauffeur qu’à l’aller descendre du bus… c’est repartis pour 15 heures de chaos, non-stop, sans changement de chauffeurs ! Arrivés contents mais un peu en vrac à
Bogota.
C’est l’heure de repartir, reprendre la route, vers le sud, toujours plus au sud. Passer un col à la sortie de Bogota, rejoindre le Magdalena au fond de la vallée, regagner
quelques dizaines de degrés histoire de se motiver pour attaquer la linea, le col de la mort qui tue! A l’approche d’Ibague, les portes se ferment, les gens se cachent derrière leur maison, les
propriétaires sont absents, et si ils sont présents....”lo siento, no puede ser posible”, je sens que ca ne va pas être possible. Drôle de situation. Nous n’étions pas habitués, surtout en
Colombie, à autant de difficultés pour camper. Pour cette nuit nous finissons sur la pelouse à l’arrière d’un motel de luxe. Bal des voitures autour des portes de garages, accès extérieurs aux
chambres louées plus souvent à l’heure qu’a la nuit. Pour la traversée d’Ibague, chacun de nous déconseiller telle ou telle rue. Nous ne savons pas comment nous arrivons à sortir entier de la
ville...mais que ce passe-t-il dans ce coin de Colombie?
La linea, ha la linea. Ça monte pour sur, mais les cotes ce n’est jamais le plus dure, surtout sur du bitume, suffis de se mettre en petite vitesse, mais les camions,
ha ça les camions, jamais on ne s’y fait. Ce n’est pas qu’ils soient dangereux. Ho ça non, ils roulent tellement doucement ici que l’on ne risque pas grand chose. Mais la fumée qui s'échappe des
pots d'échappements jamais on ne s’y fait. On se regarde les visages noirs de crasses et on se pause des questions sur la couleur de nos poumons.
Les
pentes sont raides, impossible de trouver où camper. L'armée qui surveille la route nous envoie chez les flics de Cajamarca qui a leur tour nous renvoient a l'église. Une passante nous demande si
on travaille pour la mine!?! Le vicaire nous prend sous son aile sur de pouvoir nous accueillir dans la paroisse. Mais la sœur du curé affiche complet et en l’absence de son frère ne veut pas
vraiment prendre la responsabilité de nous laisser dormir dans la salle à manger au milieu des provisions pour les personnes déplacées du aux glissements de terrain. Tout ça ce fini pour la nuit
à l’hôtel de la chanteuse de la messe et pour la soirée à la cantine de la place principale invités par le jeune vicaire. Cajarmarca, ville où nous réparons pour le énième fois le porte-bagage
avant de Florent. Le soudeur porte un tee-shirt “la mina es la vida”. La mine c’est vraiment la vie? C’est vrai il y a des gens dans le village qui pensent que la mine ce n’est pas très
bien, pour la pollution et tout ca. La mine en question est une mine d’or, une des plus grandes, qui veut s’installer dans la vallée a cote. Le gouvernement a fait stopper l’installation
craignant une trop forte pollution des eaux. Mais du village qui côtoie le site il ne reste plus que trois familles sur les 40 qui y habitaient... Pour les gens d’ici, un visage un peu blanc
travaille forcement pour la mine, qu’importe qu’il arrive en vélo.
Dans les pentes raides, le café est roi. Ramassé à la main, remonté à dos de cheval. Que répondre aux gens quand ils nous demandent si en France il y a des chevaux pour le travail aux
champs, pour le transport quotidien. L’homme habillé de guenilles a du mal à comprendre que le cheval puisse être un loisir de luxe de l’autre coté de l’océan.
Mais ca y’est nous approchons du col. Des cabanes de plastiques peuplent le bord de la route. Leurs habitants font la circulation dans les virages en espérant que les
conducteurs leur jettent trois sous pour les remercier. Le vent souffle à la cime et de l’autre cote la pente est toujours aussi raide. Au loin une école, une chance de camper? Des soldats jouent
au foot dans la cour. La gardienne se terre dans son réduit jusqu’a ce que les soldats nos propose de partager leur camp. La gardienne sort juste au moment où nous acceptons leur invitation. Nous
plantons notre tente un peu éloignée des leurs. Toute la soirée et la matinée, ils viendront nous voir les uns après les autres, plus ou moins pendant leur tour de garde, mais surtout par
curiosité. Ils gardent ce bout de colline contre les guérilleros, nous protègent et nous offrent des arepas pour le petit-déjeuner!
Valeria doit rentrer à Cali, sa ville natale, pour commencer la rédaction de sa thèse dans le cocon familiale. Mais ce n’est pas tout de suite, dans quelques jours. Si nous allons tout
droit, nous passerons trop tôt pour la revoir, alors nous décidons de faire une petite excursion dans la vallée de Cocora, berceau de l’arbre national, la palma de cera del Quindío,
palmier qui peut atteindre les 70 m et pousse sur les hauteurs de la zona cafetera. Dimanche, le village de Salento, à l’entrée de la vallée, accueille un défilé en l’honneur de la coupe du monde
de foot des moins de 20 ans. La Colombie et la France se sont affrontées a Toulon quelques jours avant le début du tournoi : 3 contre 1 pour la Colombie.
Entre la vallée de Cocora et Cali, une grande vallée chaude. La cane à sucre y est reine et ne laisse personne d’autre s’imposer sur ses terres.
Palmira. Nous y sommes accueillis, comme des rois par les tantes et cousins de Santiago. L’abuelita nous raconte les affres de son chevelu de petit-fils et la cousine Carolina et le cousin Carlos nous font visiter les haciendas de cane à sucre. Palmira-Cali quelques heures de plat puis une petite cote pour rejoindre la grande maison des parents de Valeria. Quelques jours au frais, tranquilles, à préparer notre route et nos excursions montagnardes en Equateur et au Pérou. Une dernière journée avec Valeria, quelques rappels de vaccins (on se méfie toujours des chiens) et c’est reparti pour le sud.
Le sud de la Colombie, la zone rouge. La guérilla y tient ses quartiers, quelque part dans la montagne. L’armée fait sa communication, lève le pouce à chaque véhicule qui passe, appelle à la démobilisation, il est temps de faire la paix, une enveloppe est donnée à toute personne rendant des armes, les mitrailleuses sont bien cotées, les carabines un peu moins, les paramilitaires au service du narco-traffic sont recherchés. Les jeunes militaires sont présents sur et sous les ponts, contents que l’on s’arrête pour pouvoir discuter un peu, parler de leur pays, en changer l’image.
De cote en descente, de bruine rafraichissante en soleil harassant, nous allons entre les hauts et les bas de la Colombie. Dans les hauts du sud vivent, survivent des populations indigènes, dans les bas des vallées, près des cotes vivent des populations noirs, lointaines descendantes d’esclaves déracinés pour venir travailler dans les plantations coloniales. Entre, les blancs, les métis, un racisme impressionnant, surprenant pour un pays d’une telle diversité. Une condescendance, des préjugés contre ces costeños qui ne foutent rien, presque une peur contre ces noirs qui ne savent que voler. Le monde est fou.
Pour une de nos dernières soirées au chaud, nous plantons la tente sur le terrain de la famille Mosquera. Les chiens chassent les chevaux avant de s’en prendre aux poules. Les gamins se poussent pour vaincre leur fausse timidité et venir nous voir. Les rires fusent autour des plats de bananes plantains fris partagés sous les étoiles. Le lendemain, Enrique, le grand papa noir, père de tous, reprend un de ces enfants qui en voulant parler de nous a prononcé le mot gringo « ce ne sont pas des gringos, ce sont ma famille ». Fabuleux pied de nez à tous ceux qui nous ont ouvert leur porte, à nous les blancs, mais qui la ferme à leur voisin noir. Nous avons une famille en Colombie, et elle est noire !
Ipiales, dernière ville colombienne. Les générateurs donnent le la dans le centre ville. Toute la police a été déployée pour faire la circulation au carrefour. L’électricité a été coupée dans toute la ville. Nous déroulons les matelas sur le parking des pompiers, coincés entre la panaméricaine et les beaux camions rouges.
Demain, l’Equateur !
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Mis en ligne le 10 juillet 2010 depuis Quito (Equateur)
La frontière Colombo-équatorienne : une rivière souterraine qui ne semble sortir que pour justifier le pont entre les deux pays. Un bureau des migrations, une longue queue, on ne sait trop pourquoi, pas plus de fouille qu’ailleurs, aucune question, juste prendre le temps… Une fois le tampon apposé sur les passeports, une petite cote, histoire de savoir dès le début où l’on met les pieds : de belles montagnes russes nous ont promis tous les cyclos !
Un habitant de la frontière, colombien, a bloqué la chaine de sa monture. Florent l’aide à réparer. Il va chercher quelques casquettes au sud pour les revendre au nord. Un autre nous arrête dans la descente : il est à plat et nous demande une pompe. En rigolant on lui demande quel trafique il fait avec sa boite sur le porte-bagage. Ho pas grand-chose juste des uevitos, des petits œufs… Il va déjeuner en Equateur, c’est moins cher et il en profite pour ramener quelques œufs, pas grand-chose, nous dit-il en souriant. Sacré frontière !
Le soir, pose du campement dans le petit village de la Paz. Dure, dure de trouver une ferme, on finit sur le terrain de la station essence, derrière le baraquement des flics. Nous vidons les dernières goute d’eau du réservoir de la station : un glissement de terrain a emporté les canalisations, le village n’a plus d’eau depuis la veille et espère que tout sera réparé pour le lendemain. Une petite fille ère avec son seau, cherchant un robinet, un tank avec encore un peu du précieux liquide. Le soir tombant, les gamins viennent nous voir, bientôt rejoint par les mamans. Nous ne sommes pas les premiers cyclos qu’ils voient, mais comme nous nous sommes mis juste sous le lampadaire, ca force la curiosité et aide à briser la timidité. Certains sont colombiens, la violence, un mort de trop, les a fait fuir au sud de la frontière. Une petite fille regarde nos vélos avec envie, visite la tente, s’inquiète que les moustiques puissent y entrer, se demande comment fonctionne le réchaud…ca fait longtemps qu’elle le dit a sa maman, un jour elle partira, ira visiter le monde…mais avant il faut qu’elle termine l’école primaire. Des gamins qui connaissent bien mieux leur géographie que nombre d’adultes rencontrés plus au nord !
Le lendemain matin, deux jeunes migrants transis de froid viennent discuter. Ils vont à pied, vers le nord, à la recherche de leurs rêves. Nous reprenons la route, à vélo, vers le sud, portés par les nôtres.
Quelques coups de pédales, descente de folie, retour aux tropiques, la salsa bat son plein, communauté noire qui a donné presque l’intégralité de ses joueurs à l’équipe nationale. Et puis il faut remonter, vers les hauteurs, vers les nuages, vers les mélodies des Andes, flutes et guitares s’imposent.
Pause à Cotacachi. Marcelo nous le rappelle c’est le 21 juin, solstice d’été…heu..d’hiver…jour important sur cette ligne immatérielle qu’est l’Equateur. 24 juin, fête du soleil. Une semaine de fête indigène est à venir : prise de la place du village par les communautés alentours, chants, danses et beuveries, mais tout commence dimanche par la cérémonie du bain. Ok, ok plutôt que d’aller randonner autour du lac Cuicocha, nous y monterons simplement pour participer aux festivités. Mais avant ca, samedi petit tour au marché d’Otavalo. Les populations indigènes de la région font partis des plus riches du continent, ceux sont aussi celles qui voyagent le plus, de fameux commerçants !
Une fois n’est pas coutume, nous montons en vélo au lac Cuicocha. Les gargotes s’installent, les femmes ont revêtu leurs plus belles tenues (pourquoi est-ce toujours les femmes qui portent fièrement les habits traditionnels ?), quelques vendeurs d’artisanat pour les touristes de passages et la cérémonie commence. Sur la terrasse du centre d’interprétation du parc, le shaman recueille les offrandes : fruits, pains, livres, argent, fleurs… Les dirigeants discourent en espagnol et quechua, rappellent l’importance d’un retour aux origines, cette semaine de fête n’est pas seulement un excuse pour boire, mais aussi et surtout un moyen de retrouver leur culture, de la défendre et d’en être fière. Pendant qu’une partie des participants descend au lac pour le bain, l’autre partie lance danse et musique. Chaque communauté danse en rond portant les victuailles de la fête du lendemain : panières de fruits, poulets attachés vivant par les pates, pains, cuy déjà cuits à la broche (cochon d’inde) tournent au son de la musique. Les porteurs s’hydratent de chicha, boisson à base de mais fermenté et Aurélie a droit au verre de l’amitié, une liqueur du coin aux origines inconnues…
Lundi 20 juin, c’est officielle nous entrons dans l’hémisphère sud ! Et pour entrer dans ce nouveau territoire, rien de mieux qu’une tartine de foie gras made by Tati Guitou !
Quito, deuxième capitale la plus haute du monde, derrière la colline, un peu en contrebas nous accueille Aisling et Adrian. Il faut nous remettre à l’anglais, with irish and english accent, please !
Visite de la ville, du vieux centre colonial, soirées avec Nancy, l’amie d’une amie d’un ami (vous avez suivis…), un sacré bout de femme qui nous présente une autre facette du président Correa. Un président un peu trop à gauche, un peu trop proche de Chavez et de Castro, un peu trop à défendre les droits des indigènes aux dires des medias et de beaucoup... mais pas pour Nancy.
Retrouvaille avec Guayasamin pour Aurélie, découverte pour Florent de ce grand peintre équatorien trop méconnu en Europe. Une chapelle de l’homme dont les œuvres puisent leurs forces dans les violences subies par les peuples latino-américains. En face, le volcan Pichincha, une des muses de l’artiste, un appel à prendre le chemin des montagnes…
Cotopaxi, sandales VS 4x4
Depuis les hauts de Quito, on voit quelques Cailloux blancs, des espèces de pics perdus entre les vallées. Alors comme nous attendions un paquet qui tardait à arriver, nous nous sommes décidés à grimper sur l'un d'eux.
Ce n’était pas facile d'obtenir des informations, des vrais. Chacun dans la ville raconte un peu ce qu'il veut, surtout les pseudo-agences-guides-loueurs de matériels. L'association des explorateurs de Amérique du sud ne savait rien sur rien, n'avait pas de cartes, ne pouvait pas nous renseigner. Forcement, nous ne sommes pas membres de la prestigieuse association anglophone alors on peut aller se faire voir avec notre aventure à deux balles. Si au moins on voulait des réductions pour les restos et hôtels chics de Quito ils auraient pu faire quelques choses pour nous, mais des cyclos-campeurs, rien à faire. M'enfin, après avoir entendu tout et n'importe quoi, du style il est obligatoire de rentrer dans le parc du Cotopaxi avec un guide pour aller au musée!!! Nous avons fini par rencontrer de vrais guides. Le premier après 20 minutes de conversation, nous a finalement dit que son entreprise n'avait rien à voir avec la montagne, qu'il ne louait plus de matériel depuis dix ans et que son boulot c’était l'ingénierie mécanique. Mais il nous a quand même tracé des cartes, indiqué un loueur et dit qu'il n'y avait pas de règles pour monter sur les sommets (pas d'autorisation à demander, pas de guides à contracter).
Objectif numéro un l'Antisana : un jour de vélo, un jour de rando, un jour de grimpe, un jour de rando, un jour de vélo. Problème : il faut traverser un terrain privé qui peut-être ne l'est plus. Il faut demander l'autorisation au propriétaire ou au ministère de l'environnement qui est peut-être le nouveau propriétaire. Bref, nous sommes vendredi, personne n'a le contact de personne, mais c'est sur, tout le monde le dit, il faut une autorisation, mais personne ne sait où il faut demander. Au détour d'une rue nous passons devant une agence qui a l'air un peu plus sérieuse que les autres et effectivement il y a un gars qui ressemble à un vrai guide, du style qui a suivit la formation des guides a Chamonix. La deuxième personne qui nous donnera de vraies informations. Pour aller sur l'Antisana, il faut l'autorisation du propriétaire. Il a mis deux barrières gardées et les gardes ne nous laisserons jamais passer. L'autorisation il faut la demander par mail au proprio qui habite à Quito, sauf qu'il n'y a que les agences qui peuvent le contacter et que de toute façon nous sommes vendredi après-midi et le proprio et parti dans son hacienda pour le week-end. Nous laissons tomber l'Antisana et nous faisons comme tout le monde, nous nous tournons vers le Cotopaxi, le deuxième sommet le plus haut d’Equateur. Une piste traverse le parc est amène presque jusqu'au refuge, camp de base pour le sommet. Comme l'idée de prendre un taxi pour rejoindre le camp de base ne nous plait guère, nous nous tournons vers le bus et la rando.
Samedi nous allons réserver du matériel, dimanche nous faisons les courses, lundi nous passons chercher notre matériel, le chef de la boutique est parti faire de l'escalade avec une partie du matériel que l'on avait mis de coté... Nous allons chercher corde et tournillos dans une autre boutique, on revient payer la première, ils n'ont pas de monnaie, Flo fait tous les hôtels du quartier pour faire de la monnaie, nous allons prendre le bus pour rejoindre la gare routière, il y a des travaux, nous ne comprenons pas tout, mais nous laissons guider par deux jeunes, nous prenons un bus pour la ville de Machachi où l’on espère en prendre un autre pour le village du Pedregale. Les taxis nous sautent dessus, le prochain bus part à 19h, la vendeuse de glaces et de minutes de téléphone éloigne les vautours et prend soin que l'on monte dans le bon bus et que l'on nous fasse payer le prix juste. Nous arrivons au Pedregale à 20h30, quelque 4 heures après l'heure prévue. Nous plantons la tente sous les étoiles à la sortie du village.
Mardi, plus de 30km à faire pour rejoindre le refuge. L'entrée nord du parc n'est pas très empruntée et on avance tranquille au milieu des pâturages. Puis nous rejoignons la piste principale, les taxi 4x4, les cyclistes qui se sont fait monter en haut en voiture et qui jouissent de la descente. A plus de 4000m la fumée des pots d'échappements ca fait chier! On a arrive au refuge, content mais un peu fatigue. On a bien marché, il est 16h, nous avons le temps de nous préparer et de nous reposer pour partir cette nuit pour le sommet. Le gardien refuse de nous donner de l'eau qui coule du glacier. Nous ne voulons pas dormir dans le refuge, nous avons la tente et franchement payer 40 dollars pour s'allonger quelques heures au milieu de 50 pelots sans pouvoir dormir ca ne nous tente pas trop. Mais voila, nous sommes venu a pied, nous ne voulons pas dormir au refuge, nous n’avons pas de guide, on assume, on a qu'à aller se faire fondre de la neige. Sauf que la neige propre (sans sable) elle est quelques 1000m plus haut et franchement après 9 de marches on se dit que 5 petits litres ca devrait pas lui faire trop de mal au gardien. Finalement il accepte de nous laisser puiser dans ses réserves d'eau de pluie, celle dont il se sert pour alimenter les toilettes (et oui les toilettes sèches ca sent mauvais et quand les gens ils payent 20 dollars ils n’aiment pas que ca sente mauvais, même si l'eau est une denrée rare...). Bref, on pousse les bouteilles en plastique pour prendre un peu d'eau et on va planter la tente un peu plus loin. La famille renard nous rend visite pendant que l'on révise l'encordement et la pose de point d'ancrage en cas de chute. Il est 18h, il est temps d'aller se coucher.
Minuit, tempête d'étoiles, pas de vent, Florent a mal à la tête, l'altitude, nous sommes montés un peu vite (nous sommes quand même à 4810m soit la hauteur du Mont Blanc) et il n'y a pas de guides pour nous presser. Pour mettre toute les chances de notre coté pour ce premier haut sommet, on se recouche et repousse l'ascension au lendemain. Mercredi journée de repos. La matinée est magnifique, Florent s'en veut de son mal de tête, les touristes montent au refuge avec leur pseudo-guide-obligatoire qui leur indique toilettes et robinet d'eau... Le temps tourne, le ciel se couvre, l'orage éclate. 17h, nous nous couchons en nous disant que l'on a laissé passer notre chance. Il neige, il faut secouer la tente pendant la nuit pour ne pas qu'elle s'écroule sous le poids.
Minuit, l'orage tonne toujours au loin, mais c'est tempête d'étoiles sur notre tête, pas de vent, il faut y aller. Nous déjeunons pendant que les cordées du refuge commencent l'ascension. Nous sommes les derniers à partir, mais petit à petit nous rattrapons tous le monde. On fait une petite pause à hauteur d'une autre cordée, un guide derrière nous nous lance "poussez vous du chemin", hum sympa l'ambiance. On s'en fout on repart et on le double. L'altitude, nous en souffrons comme tous le monde, mais après plus de 34000km on récupère plus vite que les autres. Si ils leur faut 5 ou 10 minutes pour reprendre leur souffle, 30 secondes nous suffisent. Nous n’avons pas traversé deux continents pour rien! Le problème c'est qu'à cette vitesse là, on passe vite les premiers et les deux premières cordées font bien exprès de faire une longue pose à l'abri du vent pour nous laisser passer. Comme il a neigé, la trace est plus difficile à faire, mais heureusement le chemin est suffisamment visible pour ne pas se perdre au milieu des crevasses. Il revient donc à Florent de faire la trace dans quelques unes des parties les plus pentues. Il fait froid et je me dis qu'à ce rythme là on va arriver de nuit au sommet! Mais Florent se fatigue à tailler des marches dans la neige et la lumière arrive. Juste en dessous du sommet, les deux cordées qui nous suivaient nous doublent sans même un mot de remerciement à Florent… On s'en fout, on est en haut, il fait un temps magnifique, on voit tous les sommets d'Equateur, de l'Amazonie à la Sierra, on est bord du cratère, ca sent le souffre, on est a 5897m, on est heureux de notre performance!
On redescend jusqu'au refuge, on redescend jusque dans la vallée, après plus de 1000m de montée et 2000m de descente on craque et on se lance dans une action hasardeuse : faire du stop dans le parc du Cotopaxi. Notre ange gardien nous envoie un papa avec ses 5 enfants qui nous emmènent jusqu'à la route. A la route, il a envoyé un gars qui travaille pour un des magasins à qui nous avons loué du matériel. A Cumbaya, la banlieue chic de Quito, Andrian et Aisling nous attendent avec du chocolat et du pâté fait maison, c'est quand même beau la vie des fois!
Par contre le paquet n'est toujours pas arrive... après recherche du cote de la France et du cote de l'Equateur, Florent fini par apprendre qu'il est bloqué en douane a Guayaquil, ville la plus grande d'Equateur mais pas la capitale. D'un bureau de poste à un autre, d'un guichetier à un autre les choses se débloquent : le paquet va être envoyé à Quito ce week-end et le gars de la poste à Quito a demandé que l'on ne nous fasse pas payer de taxes d'importations (normalement entre 10 et 20 pourcent de la valeur totale). Si notre ange gardien n'est pas trop fatigué après le Cotopaxi, tout devrait se débloquer lundi...
Mais notre ange-gardien il avait fait exprès de retarder le paquet…
Car en montant dans la montagne, elle avait un peu mal au ventre la petite,
un peu, pas trop, étrange douleur, en surface plutôt qu'en dedans.
elle s'est dit c'est pas grave, ça va passer, c'est l'altitude...
mercredi jour de repos auprès du refuge,
petit mal au ventre, la voix du docteur Magnol de Grenoble résonne dans sa tête : "Qu'est-ce qui t'arrive encore Aurélie, bouge toi les fesses, ça ira mieux!"
jeudi, 5897m, sommet du Cotopaxi, elle s’est bouge les fesses, ça va mieux
vendredi, fatigue, étrange sensation, Florent lui dit "arrête de faire ton Napoléon!" à te tenir le ventre,
samedi, ça commence à faire vraiment mal,
Florent se plonge dans la littérature médicale....il se prépare à m'emmener aux urgences pendant la nuit,
j'y vais toute seule, comme une grande, en bus, dimanche jour du seigneur,
la docteur elle dit, hum faut faire des examens, la preneuse de sang, hum, pas de fièvre, pas de mal aux pieds, c'est pas trop grave, l’échographe, il dit, hum les urgences c'est au fond à droite...
et voila, c'est fait, elle été enflée, bien cachée derrière l'intestin, il a fallut la prendre par derrière, mais il l'a eu le docteur Lopez, pfuit, sortie par le nombril et directo expédiée au laboratoire, l’appendicite.
Voila, ça c'est fait, le grain de beauté à coté du nombril aussi, disparu, pourtant il avait rien demandé lui.
Alors maintenant elle se repose l'Aurélie,
à la maison d'Aisling et Adrian, elle en profite pour mettre à jour ce sacré blog,
Florent en profite pour jouer avec les nouvelles choses arrivées dans le paquet : démonter la camera, changer la carte-mère, le flexible et surtout la remonter avec tous les boulons à leur place (si, si il a réussit et même que ca marche !), reétanchéifier le sol de la tente, réimperméabiliser les vestes de pluie, couper les bouts de piquets de tente fendus. Il s’occupe quoi. Il ronge son frein en voyant le calendrier défiler, les saisons passer.
Y aurait-il une bonne âme pour l’emmener en montagne pendant que je fais ma petite balade autour du paté de maison ?
Liens :
Equateur, sur les routes
de la révolution citoyenne
Mis en ligne le 27 août 2011 à Cajamarca (Pérou)
Nouveau départ sur la route des volcans après la pause appendicite. Nous quittons la paisible vallée de Tumbaco pour le trafic de la panaméricaine. Il pleut, le Cotopaxi est dans les nuages, les
camions fument à qui mieux mieux, nous nous mordons les doigts de ne pas avoir suivit les conseils de tous les cyclos : oublier la panam, filer dans la selva… Mais tout chemin connait ses bonnes
surprises. A Salcedo nous retrouvons Diego, il nous invite chez ses parents dans un petit village dans la montagne. C´est l´anniversaire de sa nièce et sa maman prépare le cuy, plat de fête
national. Après avoir passé la matinée avec le papa au milieu des ruches, nous goutons aux fameux cochons d´inde grillés accompagnés de pomme de terre et de sauce à la cacahuète. Nous repartons
les poches pleines de noix et de miel, le plein d´énergie pour rejoindre Ambato où nous attend Leonardo. Champion équatorien de VTT, il organise ce dimanche une course de côte. 17 km de pura
subida au cours desquels vont s´affronter vttistes et routistes. Pour ne pas décourager tous le monde nous nous inscrivons dans l´équipe des bénévoles… Les meilleurs mettront moins d´une heure,
avec un fort vent de dos, il faut bien le dire.
Leo, les mauvaises conditions sur le Chimborazo, le trafic, tous nous poussent vers la selva plutôt que Riobamba. Faute de côte, nous nous offrons une belle descente direction Baños, peut-être la
ville la plus touristique où tout le monde nous dit d´aller. Franchement on pas comprit pourquoi, sauf peut-être pour nous permettre de rencontrer Diana et Zilvinas, un couple de cyclos lithuaniens en route pour un tour du monde dont on nous avait parlé quand nous étions au Panama sur le point de prendre le bateau pour la
Colombie. Nous étions alors dans la même ville sans nous voir. A Baños il y avait aussi Diego et Olivia, un couple argento-canadien
qui se rend à moto au Venuezuela depuis leur ville de Patagonie, San Martin de los Andes.
Pendant que Diana et Zilvinas prennent un jour de repos, nous continuons notre descente vers l´Amazonie au milieu des cascades et d´une végétation de plus en plus dense, la chaleur aussi se fait
dense... Trombe d´eau à Puyo, nous nous refugions dans la cuisine des pompiers. De Puyo à Mendez, deux j
Nous sommes sur les routes de la révolution citoyenne développées par Correa, le président plus honnis qu´adoré. Certains voient d´un mauvais œil ses rapports avec Chavez, d´autres n´apprécient
pas vraiment les impôts mis en place pour financer les reformes sociales. Le président des indiens n´est pas dans le cœur de tous les métis. On nous affirme qu’il manipule les medias, quand
d´autres nous disent que ces même medias le descendent en flamme à longueur de journée. Tous les samedis matin il a sa tribune à la télévision pour répondre à tous ceux qui lui veulent du mal.
Flo essaye de défendre celui qui a enfin mis des taxes importantes sur les compagnies pétrolières et minières étrangères qui pillent le pays. Il essaye d’expliquer que l’on ne peut pas avoir un
système de santé et d´éducation gratuit sans payer d´impôt, mais face aux panneaux qui bordent les routes et annoncent les dépenses pour les kilomètres de goudrons il se dit que les km sont bien
chère payés dans un pays où la mains d´œuvre est plutôt bon marché… La vérité c´est que nous n´avons pas réussit à nous faire une idée de la politique équatorienne.
Au km34, Mike l´Argentin nous arrête pour nous inviter dans sa ferme : un projet de communauté tourné vers l´agriculture bio. Un gars aux 1000 vies (vraies ou fausses, quien sabe ?) qui nous
emmène cueillir les bananes en nous mettant une machette entre les mains. Pour les serpents qu´ils nous dit. C´est toi ou eux et ton instinct de survie te fait toujours choisir ta propre peau. En
cas d´attaque pas d´état d´âme. Mais aujourd´hui la machette sert surtout à se frayer un chemin jusqu´aux plantes au milieu de la végétation et à couper la tige pour atteindre les régimes de
bananes. Chaque plante donne un régime puis meurt. Une nouvelle plante se formera à partir des racines. Donc pas de quartier, grand coup de machette dans le tronc gorgé d´eau pour récupérer les
bananes vertes. Vertes parce que si on les laisse murir sur l´arbre, elles seront mangées par les animaux de la forêt avant que l´on ait pu les goûter. Et puis c´est pratique, une fois le régime
accrochés dans la maison, les bananes murissent de bas en haut petit à petit.
Sur la route pas trop de traffic, un ou deux camions, quelques bus et les vendeurs
ambulants. Le
vendeur de
poissons suivit du vendeur de glace, suivit du vendeur de poissons, suivit du vendeur de casseroles et matelas,
suivit du même vendeur de poisson qui traine une odeur de plus en plus forte…
Les pompiers de Puyo nous ont envoyé chez ceux de Macas. A la tombe de la nuit nous allons frapper à leur porte et pour le coup nous aurons même droit à une chambre ! Par contre réveil à quatre
heure du matin par les feux d´artifices et les cloches de l´église. Début d´une semaine de procession à renfort de haut-parleurs en l´honneur de la vierge de Macas. Hummm.
Mendez, dernière ligne droite avant d´attaquer le retour dans la sierra. Pressés de quitter la chaleur. Mais la côte est longue, dure, pentue. Dans les pays aux gros moteurs le degré de la
pente n´a pas d´importance et les cyclos souffrent en sautant de cailloux en cailloux. Les bus n´ont que faire des autres usagers de la route. D´ailleurs on se demande s´ils en ont à faire de
quelque chose. En tout cas pas de leurs passagers : 600 morts par an dans les accidents de bus…on vous laisse deviner le nombre de blessés. Les traiter de chauffards n´est pas qu´un point de vue
de cyclo européens ! Quand aux chiens, ha les chiens, nous sommes revenus au pays de ces abrutis de clébards. Il semble qu´il y ait eu une reproduction singulièrement importante de caniches
à
mamies
particulièrement
hargneux dans cette région. Quand le maitre te regarde la bouche entrouverte sans rien dire, tu ne sais plus trop sur qui tu veux
jeter
la pierre. Llama a tu perro o lo mato, rappelle ton chien ou je le tue ! On ne sait pas si la bombe à ours au fond de la sacoche fonctionne, on ne savait même plus pourquoi on la gardait,
mais ne vous en faite pas maintenant on sait… Y´en a qui vont payer pour tous les autres, c´est moi qui vous l´dit ! Ok, c´est dimanche, jour des bourrachos, ça aide pas à mettre de bonne humeur.
L´état post-ébriété des autochtones fait plus pitié que rire. Dimanche, jour des alcoolos en Amérique du sud, devrait être jour de repos pour les cyclos, histoire de ne pas voir la vie en noire…
Y´en a qui l´ont bien compris : nous
nous faisons doubler par les lithuaniens qui ont mis leurs bécanes dans un pick-up !
Mais toute douleur a une fin, après la pluie vient le beau temps, après la chaleur le froid, après les chiens, les chats, heu, oui, bon, bref. Cuenca, une ville où il fait bon vivre. Belle,
calme, coloniale. Des petites places tranquilles, un marché rutilant de propreté, des ateliers de fabrication de chaussures, de bonnes boulangeries. Le bonheur quoi, même qu´on s´y verrait bien
vivre, c´est dire !
Cuenca, Loja, Vilcabamba, la panam court rejoindre la cote, nous restons dans les
montagnes. Malgré l´asphalte, le trafic se fait faible entre paramo et vallées chaudes. Ce qui n´est pas pour nous déplaire. Vilcabamba, un repère de gringos et d´équatoriens aisés en recherche
d´un climat doux et sec. Juan et Angelita, deux cyclos colombiens en route pour un long tour de l´Amérique du sud. La suite : une
piste jusqu´à la frontière, des travaux pour ce qui sera la prochaine transamazonienne reliant le pacifique à l´Atlantique. Une route empruntée par quelques rares camions venus ravitailler les
épiceries de quelques villages perdus. Des traces de pneus spécial tour du monde sont dessinées dans le sable : des cyclos nous précédent. Des côtes toujours plus pentues, des cols qui donnent de
merveilleux points de vue sur le suivant. Entre les deux, la route qui descend à pic au fond de la vallée pour remonter tout aussi vite de l´autre côté.
Ouf la frontière ! Une rivière, un pont, un douanier. Nous décidons de rester de ce coté-ci pour la nuit, histoire de gagner une pleine journée sur notre visa péruvien que l’on prévoit déjà trop
court. Le douanier nous indique le terrain de volley où camper en toute sécurité au bord de la rivière, juste au bord du pont. Il sera prêt le lendemain matin à l´heure que l´on voudra. Tout est
calme sur le pont. Douche et lessive dans la rivière. On ne risque pas d´embêter les poissons : la mine d´or en amont a tué toute vie sous-marine. La nuit tombe, le trafic nocturne s’intensifie
sur le pont. Les chauffeurs siphonnent leurs camions. Des petites jambes courent sous des bidons pleins. Ils reviennent vides dans les mains.
Lever du jour, lever des drapeaux. Le douanier équatorien nous attend. Nous
pouvons
enfin savoir qui sont ces cyclos que nous poursuivons depuis plusieurs jours : deux français et nos lithuaniens, ils ont changé leur itinéraire et nous précédent d´un jour et demi. Enfin bientôt
deux parce que le douanier de l´immigration péruvien est partis au village suivant comme tous les samedis matins pour envoyer son rapport à ses chefs et il est seul à avoir le droit d´apposer le
tampon… Attente sous le soleil qui chauffe de plus en plus. Le douanier, de la douane, arrête d´écosser ses petits-pois pour lever la barrière et laisser passer les rares camions. Le trafic sur
le pont, oof, juste un peu d´essence pour les gens du village, comme les œufs équatoriens pour les colombiens et les chaussettes kazakhs pour les russes. Un jeu du chat et de la souris où le chat
et davantage occuper à dormir et à parler cuisine avec les touristes de passage plutôt qu’à chasser. C’est ça le pont international !